La tour à patates : un incontournable de la permaculture que tout apprenti se sent un peu obligé de tester, à l’instar de la spirale d’herbes aromatiques, du tracteur à poules ou de la baissière, avec malheureusement des déceptions la plupart du temps, d’après ce que j’ai pu glaner sur les différents blogs que j’ai lus à ce sujet.
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, regardez donc ces deux vidéos :
la construction (enthousiaste)
La récolte (décevante)
Essais et réflexions
J’avais essayé une première fois avec des cadres en bois empilables, mais faute d’arrosage et d’assiduité pour refaire le niveau à mesure que les plants montaient, je n’avais pour ainsi dire rien eu. Et je n’avais pas réessayé depuis. Il faut dire que j’ai de la place dans mon jardin, or le principal intérêt de la tour à patates, c’est surtout d’économiser de la place. Ça a aussi l’intérêt de hâter la récolte (la terre se réchauffe plus vite dans les pneus noirs), de limiter le besoin en plants (on n’a que trois ou quatre plants mais qui produisent sur trois ou quatre étages), et d’éviter d’avoir à biner et butter (pour ceux qui font les patates à la méthode traditionnelle). Apparemment, les échecs seraient dus au moins aux facteurs suivants :
certaines variétés sont plus apte à faire des tubercules à chaque hauteur
le sol se desséchant plus vite, il faut irriguer on risque de monter les étages trop tôt ou trop tard
Le plus contraignant, en ce qui me concerne, c’était de devoir surveiller l’avancement de la végétation et de monter du substrat et de nouveaux étages au bon moment — surtout que mon manque d’expérience aurait forcément eu du mal à repérer le ‘bon’ moment. Mon jardin permaculturel idéal est un jardin où il y a peu d’astreintes, et je préférerais passer éventuellement un peu plus de temps à établir ma tour à patates si ça me permet de la laisser sans y revenir jusqu’à la récolte. Et en plus, je n’aime pas les pneus. Ils sont disgracieux, et j’ai toujours un doute quant à l’innocuité des composés chimiques qu’ils pourraient éventuellement dégager (même si je pense que c’est un peu de la paranoïa).
Ma variante en une seule fois, et sans pneus
C’est en voyant une vidéo américaine que j’ai eu l’idée d’une variante qui me semble plus prometteuse. Le gars faisait des trous dans les flancs des pneus d’une tour déjà préremplie jusqu’en haut pour planter des tubercules non seulement en haut, mais à plusieurs niveaux sur les côtés, comme dans certaines variantes de jardinage en sacs quand les gens font aussi pousser des plantes sur les flancs du sac.
Si j’avais eu un big-bag, j’aurais fait directement en sac (pour éviter les pneus, d’autant que faire des trous dans l’armature des pneus, c’est l’occasion de se blesser). Moi j’ai fabriqué un silo cylindrique avec du grillage, tenu par des piquets de bois, avec une bâche polyéthylène noire à l’intérieur pour retenir le substrat (en ce qui me concerne, j’ai mis 100% de compost mûr), et avec des des fagots de paille coincés entre les grosses mailles du grillage pour faire joli et pour protéger du froid ou du chaud.
J’ai ainsi rempli de compost jusqu’en haut. Au centre de la colonne cylindrique, j’ai installé à mesure un système d’irrigation (des bouteilles de lait sans fond enquillées lâchement les unes dans les autres, mais un tuyau de drain ou un serpentin en microporeux feraient aussi bien l’affaire). En haut, j’ai replié le surplus de bâche, ce qui me fait un conteneur souple fermé (il n’est ouvert qu’au contact du sol et au niveau du trou d’irrigation central en haut), ce qui limite fortement l’évaporation et empêche toute colonisation par les adventices. Avec un cutter, j’ai percé des trous (5 en haut, et une quinzaine sur les côtés à différentes hauteurs) pour y mettre mes plants de patate (enfoncées à environ 5cm comme j’aurais enfoncé en plein champ). Elles ont toutes bien germé, et j’ai maintenant un joli plot bâché, paillé et végétalisé. Je n’ai pas à y revenir — je me contente d’inonder la colonne centrale de temps en temps. Dès que les feuilles donneront des signes de fatigue, je démoulerai le tout. Et je vous tiendrai au courant.
J’ai bon espoir que ça marche mieux qu’une tour à patates classique : je ne demande pas à mes plants de faire des patates à tous les étages : j’ai mis des plants à tous les étages et chacun n’a qu’à faire des patates à son étage. En plus, c’est correctement irrigué, et la bâche empêche le dessèchement. Je n’espère pas récolter plus que si j’avais planté une vingtaine de plants en terre, mais là c’est sur environ 1 mètre carré.
La suite donc après les vacances.
Ping : La tour à patates - verdict de la saison 1 - City Plante guide de permaculture
J’avais essayé dans un sac de terreau vide que j’avais rempli au fur et à mesure avec un mélange terre de jardin et compost. Beaucoup de travail, de surveillance, pour un résultat quasi nul.
Je n’ai pas recommencé.
J’ai essayé cette année de les mettre sous la paille. Beaucoup moins de travail, il a suffisamment plu pour ne pas avoir eu besoin d’arroser. On verra à la récolte si cela vaut le coup
Bonjour Kristen
J’ai hate de savoir ! 🙂 moi les patates je m’en occupe plus du tout ! je recolte et laisse une ou deux patates a droite a gauche. Du coup elles restent tout l’hiver dehors, et sont a ma grande surprise trés resistante au froid !
C’est bien de faire des expériences pour apprendre mais, à l’évidence, le pneu était trop petit pour cinq plants. En pleine terre, on met un plant tous les 50 cm sur des rangs écartés de 70 cm, sinon le feuillage manque de lumière et chaque pied se nourrit mal.
Un seul plant aurait donc suffit dans ce pneu, il se serait mieux développé et aurait donné autant, voire plus que les cinq qui se sont gênés.
Autre remarque : la rate est une variété peu productive, donc peu valorisante pour ce genre d’expérience. Mais avec une variété normalement productive, il faudrait des pneus plus grands…
Je me pose une question: en montant la tour au fur et à mesure de la pousse, on oblige la plante à produire de la verdure, et toute l’énergie de la plante passe dans la production des tiges et des feuilles, au lieu de passer dans la production du tubercule.
Je pense qu’en effet, il vaut mieux planter dans des trous latéraux et à différents niveaux, ce qui permet à chaque tubercule de produire un feuillage “normal” sans nuire à la production et au grossissement des futures patates.
Par ailleurs, remplir uniquement avec du compost comporte aussi des risques au niveau nutritif… Je pense qu’il vaudrait mieux faire un mélange un peu moins “explosif”… 😉
Toutefois, je ne peux que vous dire bravo pour ces bancs d’essai qui sont utiles à toute la communauté des jardiniers amateurs. 🙂